Le rayon de soleil du FC Libourne
C'est la satisfaction du club libournais depuis ces 5 dernières saisons : Christopher Routis, qui a été formé au club, évolue aujourd'hui au Servette de Genève, en première division suisse. Il est la réussite et la fierté d'un club tout entier, qui compte retrouver ses valeurs afin que d'autres joueurs du cru connaissent sa réussite.
Article de Marie-Laure DELON (Le Résistant)
C'était la trêve lors de l'été 2009. Le club de Libourne était parti en procédure afin de continuer à évoluer en National. Dans les coulisses, il y avait aussi beaucoup de mouvements. Quelques uns des meilleurs jeunes du club avaient décidé de quitter le club qui portait alors le nom de Libourne-Saint-Seurin pour aller vivre de nouvelles aventures. Parmi eux, Clément De Massaud, Rémi Boulle et Christopher Routis ont décidé d'aller tenter leur chance en Suisse, où ils ont intégré l'académie. Si Clément De Massaud est revenu dans le libournais pour jouer à Saint-Emilion, les deux autres joueurs sont toujours en Suisse. Rémi Boule a été prêté par le Servette à Carouge mais Christopher lui, a bien percé et est aujourd'hui un titulaire indiscutable.
En juillet 2009, il avait décidé de quitter son club formateur. Une décision mûrement réfléchie même si elle a été difficile à prendre. Aujourd'hui, il ose expliquer les raisons de son départ, sans pudeur devant son ancien entraîneur de l'époque, Lionel Espinasse (1), aujourd'hui entraineur adjoint de l'équipe première de Libourne.
« Par rapport aux années Furlan où on comptait beaucoup sur les jeunes formés au club pour évoluer en équipe première, je sentais bien que le club n'avait pas la même politique et que les jeunes avaient moins leurs chances en équipe première, explique-t-il. J'ai eu cette opportunité d'aller joueur et je me suis dit que c'était maintenant ou jamais ».
Les mois qui ont suivi son départ lui ont confirmé que le choix était le bon. Mais cela ne l'empêchera plus jamais de regretter de ne pas avoir pu jouer avec des joueurs comme « Valbuena, Begeorgi ou Castant. Quand je venais au stade plus jeunes, ces joueurs me faisaient rêver ».
Il a du se forcer à tourner la page rapidement car ce départ, loin de sa famille est le début d'un sacré challenge à relever pour lui. Très clairement, il reconnait aujourd'hui : « en partant là-bas, je me suis donné 6 mois d'essai. Si cela n'avait pas été concluant, je serai revenu. Au Servette, personne ne m'a mis la pression : ils m'ont expliqué que j'avais un an pour prouver ce que je valais ».
Il confesse avec pudeur que les débuts n'ont pas été roses. Alors qu'il jouait à Libourne, ses coéquipiers l'appelaient « gros » lui rappelant ses quelques kilos en trop. Pour être professionnel, il ne peut plus se permettre cela. Lors des 8 semaines de préparation, il a perdu 10 kilos. Un passage difficile car malgré la fatigue et ces kilos perdus, il fallait tout de même assurer lors des séances d'entrainement. Il s'accroche et y parvient. Il aura fallu un petit coup de pouce du destin. William Niederhauser, entraineur du Servette est remercié, remplacé par Joao Alves. Ce dernier assiste à une rencontre des moins de 21 ans où celui qui jouait défenseur central à Libourne évolue attaquant ! Ce jour là, son équipe gagne 3/0 et Christopher marque 3 buts. Trois jours après, lors d'un match de coupe, l'entraineur vient à nouveau superviser l'équipe de moins de 21 ans du Servette. Cette fois, les genevois l'emportent 6/2 avec encore 3 buts du Libournais. Joao Alves fait alors appel à lui pour composer le groupe de l'équipe première et lui offre son premier contrat professionnel en début d'année 2010. Christopher Routis atteint son objectif : en 6 mois, il est parvenu à faire ses preuves. Pour l'anecdote, le joueur a finit par reconnaitre qu'il jouait par le passé défenseur central et qu'il ne jouait attaquant qu'à Bonzac lors des entrainements avec Libourne. Cette anecdote le fait bien rire car bien entendu, l'entraineur suisse surnommé le magicien pour la réussite de nombreux paris qu'il fait sur des joueurs, se demandait bien où se situait Bonzac sur une carte mondiale ! Au final, même si son entrainer a eu du mal à y croire, Christopher Routis retrouvera un poste à vocation défensive.
Après la signature de son contrat, il doit jouer durant 6 mois avec les moins de 21 ans car son statut de joueur étranger ne l'autorise pas à évoluer en équipe première. Néanmoins, il fait les entrainements avec eux. Pour la saison 2010/2011, il peut enfin évoluer en équipe première, qui évolue alors en Division 2. Mais, il faut faire sa place. Lors du deuxième match de la saison, face à Bâle, il est titulaire. « Le match de ma vie », reconnait-il. Il fera au cours de cette saison 17 matches en tant que titulaire et a le bonheur de connaitre les joies de la montée en Division 1. Cette saison, il a réalisé une saison pleine, étant un des joueurs les plus utilisé : il a joué 32 matches sur 36.
Cette réussite, il se la doit qu'à lui-même car il n'a jamais baissé les bras. Il se souvient très bien. Lors de son départ, Lionel Espinasse lui avait donné 3 ans pour qu'il atteigne les sommets dans le club suisse lui promettant d'aller le voir jouer lorsque cet objectif sera réalisé.
Son ambition ne s'arrête pas là. Désormais, son objectif est de pouvoir jouer dans un autre club, dans un championnat plus relevé afin de réaliser un rêve de gosse : être sélectionné en équipe de France pour pouvoir faire partie du voyage au Brésil pour la coupe du monde 2014. Il sait qu'il met la barre très haute mais se permet de rêver lorsqu'il voit les parcours de joueurs comme Mathieu Valbuena, Steve Savidan ou Olivier Giroud entre autres.
Lionel Espinasse le soutient dans ses rêves n'hésitant pas à avouer que Christopher Routis est « le rayon de soleil » du club de Libourne. Car, assis sur le banc de touche sur la pelouse du stade Moueix, la blessure est là : l'équipe première de Libourne quitte l'élite régionale pour se retrouver en Division Supérieure Régionale. Une vraie souffrance pour le jeune qui même s'il est parti ailleurs reste attaché à son club formateur, qui lui a permis d'être ce qu'il est aujourd'hui. « Je suis le premier triste de ce qui arrive au club. J'ai des amis qui jouent encore ici et quand je les entendais me parler de la situation du club, cela me touchait. J'aimerai bien les revoir en National. Cette situation m'ennuie ».
Et peut-être que si le club retrouve le niveau national, il reviendra « boucler la boucle » en jouant en équipe première de son club formateur. Mais bien entendu, « le plus tard possible ». Dans tous les cas, tous les jours, il se souvient de son passé. Sur son avant-bras gauche, il s'est fait tatouer « No olvidas de donde vienes » (1). Une phrase que son père lui répéter très souvent lorsqu'il était plus jeune. Et à le voir sur la pelouse libournaise, reparler du passé et de ses souvenirs communs avec le club, il est certain qu'il n'a pas oublié d'où il venait. Mais surtout, qu'il ne l'oubliera jamais.
(1) N'oublie pas d'où tu viens
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Un projet voit le jour !
Lionel Espinasse, entraineur adjoint du FC Libourne y tient : il faut oublier le passé et ne regarder que l'avenir. Même si la descente en DSR a été sans aucun doute douloureuse, les libournais souhaitent tourner la page. Maintenant que l'opération commando pour sauver l'équipe première du club est achevée - et pas forcément sur un échec car le bilan du duo Keserovic et Espinasse n'a pas été mauvais - les deux hommes, qui viennent d'être reconduits à la tête du club, travaillent désormais pour l'avenir en mettant en place un projet pour les 5 années prochaines. Le projet sera prochainement présenté aux joueurs. Cela faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu de projet à long terme. Ce dernier est important. En effet, la situation du club oblige les deux techniciens à fournir un gros travail afin que le FC Libourne retrouve son âme, ses valeurs et un niveau digne de l'histoire du club. Pour cela, ils abordent une philosophie : « travail et respect ». Mais surtout, leur but et de faire qu'à nouveau, le club de Libourne soit respecté et admiré, surtout pour sa formation et qu'il n'ait plus une image négative auprès des clubs aux alentours. Dans tous les cas, la devise préférée des libournais reste : « les volontés faibles se traduisent par des discours, les volontés fortes par des actes ».
Le premier travail, qui se fait actuellement, est de mettre en place des hommes qui respecteront la politique sportive afin que tout le club regarde dans le même sens. Ce travail est en cours au sein du club libournais et sera officialisé dès que tout sera officiel. Ensuite, Dragan Keserovic et Lionel Espinasse souhaitent mieux structurer l'association afin qu'elle fonctionne mieux. Pour cela, des commissions seront mises en place.
Merci au journal "Le Résistant" et à sa journaliste Marie-Laure Delon pour avoir autorisé le FCLibourne.fr de diffuser cet article.